mercredi 1 septembre 2010

Comment passer par Paris pour ne pas aller à New York?

L'historique de ce billet est complexe. L'idée m'en est venue à Malaga, après avoir passé près de 20h dans l'aéroport. L'ensemble allait devenir de plus en plus long et compliqué alors que mon "vol" de retour devenait une "aventure" de retour. A mon arrivée à Montréal (puisque j'y suis arrivé), j'étais trop fatigué pour reprendre la rédaction de ce journal, et j'avais à la fois quelques activités sociales au programme et une réinstallation dans mon chez moi en ville. D'où le long silence depuis mon dernier billet.
J'avais donc prévu une longue narration imagée de cette aventure, mais le temps passe, alors je vais me contenter d'une version courte (qui sera tout de même assez longue, même si je passe par-dessus plusieurs détails et anecdotes). Les photos sont plus évocatrices de l'esprit du moment que publiées pour leurs qualités artistiques. Puis, je planifie la publication d'une série de billet sur les deux semaines passées au Maroc, avant cette aventure pendant les prochaines semaines.
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"La route du retour est donc entamée. Elle me verra remonter vers Malaga, puis voler vers New-York, puis Montréal, dans les prochains jours."
- L'Esprit Vagabond, 17 août 2010.
J'écrivais ceci de Tanger. Ce soir-là, à Tanger, un peu paresseux, et n'ayant que fait du train dans la journée, je décide me laver à la lingette au lieu de prendre une douche dans la salle commune et d'avoir à prévenir l'employé de la réception pour qu'il actionne l'eau chaude. Partons donc de là pour narrer la suite.
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18 août. 7h AM, je me lève après une trop courte nuit (5h) et grignote un morceau de gâteau acheté la veille en guise de déjeuner, Ramadan oblige (rien d'ouvert, j'y reviendrai dans ma narration des explorations marocaines). Check out de l'auberge, marche vers la Place de France, puis j'attrape un petit taxi pour me rendre au port de Tanger.
8hAM, Navette vers le port de Tanger-Med, d'où partira mon bateau vers Algeciras. Arrivée à Tanger-Med à 8h50. J'avais compté sur le nouveau terminal maritime pour offrir aux infidèles comme moi un petit déjeuner ou un café, mais rien n'est ouvert. 9h30, douanes et immigration marocaines. Navette du terminal vers le quai d'embarquement. À bord, le café du traversier est ouvert; je me prends un croissant frais avec un double espresso allongé au lait chaud. Délicieux.
10h, départ du traversier. La mer est calme, le trajet est rapide. 10h35, arrivée en vue de Gibraltar, les touristes prennent des photos. 10h50. Douanes espagnoles, marche de 10 min. vers le terminus de bus, achat d'un billet pour Malaga. Il est 13h, heure locale, avec le décalage horaire. J'ai quelques minutes pour prendre mes courriels dans un café internet, puis mange des Pringles avec une cerveza (boisson ardue à dénicher au Maroc, j'y reviendrai aussi). Trajet de bus sans histoire vers Malaga, et arrivée au terminus, je place mes bagages en consigne à la gare et file vers le centre-ville.
Et c'est ici que commencent les imprévus.
Nous sommes le 18 août au soir, et la Feria de Malaga bat son plein. Des centaines de milliers de locaux et visiteurs s'entassent dans les rues de la ville... La recherche d'une auberge avec un lit disponible s'avère difficile et je réalise que les seules chambres disponibles sont loin de la ville, très loin, et dans des resorts de luxe. Comme je ne suis qu'à Malaga que jusqu'au lendemain matin pour prendre mon vol vers New York, je décide de profiter de la ville, visite la cathédrale, l'Alcazaba, jette un oeil au teatro romano, à la maison natale de Picasso, puis en fin de journée, file récupérer mon bagage et prends un train de banlieue vers l'aéroport.
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19 août. Terminal Pablo Ruiz Picasso. Les nuits dans les aéroports ne sont jamais très confortables. Entre une heure de sommeil appuyé sur un bagage, une autre en acrobate sur des chaises avec appui-bras, on fait ce qu'on peut, comme les quelques dizaines de voyageurs qui ont choisi cette option. Je tente de lire par moments, mais passé 2h AM, mes yeux sont trop fatigués et mes périodes de réveil me laissent trop étourdi pour profiter de ma lecture. Je me balade dans l'aéroport entre les moments de sommeils. J'accumule presque 2h30 de sommeil semi-réparateur, après m'être lavé à la lingette dans les toilettes pour handicapés.

Vers 3h AM, un orage éclate avec violence. Ce sont les éclairs qui attirent mon attention. Une pluie forte s'abat sur l'aéroport. Cette pluie aura plus d'influence sur le reste de mon aventure que je ne l'imagine à ce moment là. Le terminal est moderne, bien configuré. L'affichage principal est en espagnol, avec des indications plus petites en anglais et en allemand. A un moment, un préposé passe une sorte de zamboni pour nettoyer le plancher. Pas très divertissant comme nuit, mais le temps passe quand même.

5h50 AM. Quelques heures plus tard, c'est le levé du soleil. Je retourne me rafraîchir dans les toilettes avec le reste de mes lingettes de voyage. Je range mon chandail et enfile une chemise propre pour ma journée d'avion. Je n'ai pas fait de lessive depuis plusieurs jours; c'est tout ce qui me reste de vêtement propre mais je dois arriver à Montréal le soir-même. Je profite de l'ouverture du Starbucks pour déjeuner d'un pain au chocolat accompagné d'un café latte. En consultant le tableau des départs, mon coeur s'arrête une seconde; le seul vol accompagné d'une note est le vol sur New York que je dois prendre à 11h30... et il est retardé jusqu'à 16h30. Un rapide calcul mental permet de comprendre que je raterai certainement ma correspondance à JFK vers Montréal. Je peux espérer un autre vol plus tard, mais j'en doute, alors je m'imagine déjà passer une autre nuit en aéroport à JFK. Comme il est encore tôt, aucun préposé n'est disponible au comptoir de Delta ni au comptoir d'enregistrement indiqué pour mon vol. Je dois donc patienter quelques heures.

7h05. Cancelado. Pas besoin de parler espagnol pour comprendre que je ne verrai pas Montréal ce soir, à moins d'un miracle. Je m'installe illico devant le comptoir de Delta, qui ouvrira ses portes à 8h30... Après une heure et quelque d'attente, je me présente devant une des deux employées de Delta, qui m'informe que l'avion est arrivé cette nuit mais a subi des dommages électriques en atterrissant pendant l'orage. Le temps de réparer l'appareil, on a planifié un vol vers JFK le lendemain matin, à 8h. La compagnie me fournira transport, repas et hôtel pour la journée et la nuit, mais pas à Malaga, où tout est complet, mais dans une ville balnéaire de la côte, à 50 minutes de là. Je ramasse les informations, me déniche un poste internet, et informe Suze et mes parents qui devaient m'accueillir à Trudeau ce soir-là. Je dois prendre la navette vers la côte vers 10h30. Je file à l'étage inférieur pour visiter le kiosque touristique, prendre une carte de la région et m'informer de la situation géographique de l'hôtel. Éloigné, sans transport en commun pour joindre le resort à Malaga, je serai isolé sans possibilité de visiter Malaga à fond pendant cette journée supplémentaire imprévue (à moins de payer cher un taxi pour 50 minutes). Bof.

À 10h20, à mon retour dans ce secteur de l'aéroport, je remarque que beaucoup de monde s'est ajouté à la file devant le bureau de Delta. Je vais m'informer au comptoir d'embarquement où nous devrons prendre la navette... et apprends que le vol du lendemain à 8h est lui aussi cancelado. Shit. Je dois refaire la file - qui est maintenant assez longue, pour savoir ce qui m'attend ou tenter de faire changer le programme qu'on a prévu pour moi: i.e. d'attendre deux jours dans mon resort de la côte, avant de prendre un vol à 5h du matin le samedi. Je fait donc la file... pendant 5h. La plupart des gens ne voyagent pas seuls, alors ils s'alternent dans la file, vont se chercher à manger, à boire, se reposent quelques minutes sur les bancs un peu plus loin, mais comme je suis seul, je dois patienter debout avec mon chariot à bagages, sans dîner. Je sauve mon estomac grâce à quelques mangues séchées rapportés par Suze du Burkina et un fond d'eau pétillante marocaine. Je me pointe donc au comptoir un peu fatigué, et sans trop d'espoir car je suis un des derniers à tenter quelque chose. J'ai un avantage: je ne vais pas à New York, qui n'était qu'un lieu de correspondance. Et comme ma destination n'est pas aux É-U, je peux changer complètement mon plan de vol. Comme j'ai aussi l'avantage de l'expérience de voyage et de vols, je suggère à la dame de me re-router vers une autre ville d'Europe de l'ouest duquel partent des vols vers Montréal. je suggère Paris, Madrid, Bruxelles, Londres... en mentionnant que le partenaire de Delta, Air France, a de nombreux vols quotidiens Paris-Montréal. Elle me déniche une possibilité, mais doit d'abord me faire sortir de Malaga, ce qui est rendu plus difficile à cause des quelques centaines de passagers qui veulent faire de même.

Iberia. La compagnie espagnole m'accueillera pour un vol Malaga-Madrid. Je dois passer la nuit à Madrid, puis voler vers Paris puis Montréal. J'arriverai avec 16h de retard sur mon itinéraire d'origine, mais c'est encore mieux que le 45h proposé avec mes deux jours en prison de luxe sur la côte.

17h. Je suis passé la sécurité, et rendu à la porte d'embarquement de mon vol sur Iberia. Je commence à avoir hâte de sortir de cet aéroport, puisque l'on dirait que tout conspire à ce que je n'y parvienne pas. Je prends une photo de notre pilote, qui, comme moi, a bien vu qu'il n'y a pas d'avion à notre porte d'embarquement...
On informe les passagers que le vol vers Madrid est retardé de quelques minutes... puis de plusieurs minutes, puis d'une heure. L'avion arrive avec un peu de retard, et le contrôle aérien replace notre vol dans dans une case horaire dont je me fout tant qu'on me jure que le vol partira bien pour Madrid avant la nuit! Ce qui est bien le cas. A Madrid, Delta m'offre le souper, la nuit en hôtel de luxe et le petit déjeuner. J'arrive à l'hôtel avec plusieurs heures de retard, après le vol retardé, l'attente de bagages et l'attente de la navette vers l'hôtel. Le check in se fait plutôt rondement, malgré la surprise de voir que Delta n'a pas fait de réservation à mon nom. Nous sommes quelques passagers dans la même situation, mais les gens de l'hôtel se retournent en quelques minutes en appelant Delta et tout se règle.
Je me rafraîchi, mange un premier véritable repas depuis Tanger, prends ma première douche depuis Casablanca, et m'effondre de fatigue sur un lit dont la dimension dépasse l'entendement: le lit est plus grand que la chambre que j'ai occupé tout l'été à Séville (et ceci n'est pas une exagération!). Il est minuit.
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20 août. 6h AM. Très lent réveil après une trop courte nuit (mais la plus longue que j'ai eu en 4 jours). Ablutions, préparation des bagages. Je descend déjeuner pour 6h30. Je profite de quelques minutes avant l'ouverture du restaurant de l'hôtel pour prendre quelques photos des couloirs de l'immeuble, d'un luxe quasi ridicule, après mon été en pension à Séville. Je sors de l'hôtel à 7h15, pour prendre la navette vers le terminal 2 de l'immense aéroport de Madrid (3e en importance en Europe après Charles de Gaulle et Heathrow). Je repère le comptoir d'Air France, puis me présente pour un enregistrement tôt. Je suis un des seuls dans la file. L'agent passager tape sur son clavier, consulte le booking que m'a fourni l'agente de Delta à Malaga, farfouille dans les coupons de vols écrits à la main que je lui ai présenté, tape plus furieusement sur son clavier, regarde mon passeport, tape encore sur le clavier... bref, j'ai assez d'expérience d'enregistrement pour savoir que quelque chose ne va pas. Il me demande pour quel département de Delta je travaille. Pardon? Je ne travaille pas pour Delta. Où ai-je pris ces coupons et billets? Well, à Malaga, mon vol d'hier a été annulé et j'ai été re-routé. Aaahh. Il me "transfère" à un autre agent, qui s'avère être l'éditeur de vol. I have a bad feeling about that.

L'éditeur de vol m'informe que Delta a annulé ma réservation... et que le vol Madrid-Paris ainsi que le vol Paris-Montréal sont tous deux complets. Shit. Je repasse avec lui mon itinéraire prévu, et mon aventure depuis Malaga. Puis, il me demande si je parle aussi français (nous conversions en espagnol jusque là). Nous passons donc à la langue de Molière puisqu'il est français d'origine. Je l'accompagne aux bureaux d'Air France ou il me prend en charge pendant 40 minutes. Il ressort de ses efforts qu'il a déniché une place sur le Paris-Montréal, puisque quelqu'un quelque part dans le monde a vu son vol vers Charles de Gaulle annulé ou retardé et qu'il ne pourra donc pas embarquer sur le vol Paris-Montréal. Pour me rendre à Paris, la meilleure solution est de me placer en stand-by jusqu'à la fermeture de l'embarquement. Je dois donc d'abord patienter 90 minutes avant de savoir si oui ou non j'embarquerai sur ce vol. Il est relativement fréquent que des passagers avec réservations ne se pointent pas pour leur embarquement. J'ai profité de certaines vols en stand-by à l'été 2008 vers l'Europe à plusieurs reprises, je connais donc la procédure. Et le stress qui vient avec.
Le vol est à 10h15. À 9h40, l'éditeur de vol me fait signe, il inscrit mon passeport, et enregistre mon bagage, pour être prêt. Il m'informe que pour le moment, il reste une place. Dix minutes plus tard, il confirme qu'il doit fermer l'enregistrement et confirme ma place, imprime ma carte d'embarquement et m'invite à me rendre très rapidement à bord. J'ai 25 minutes pour faire le trajet dans le terminal, passer la sécurité, scanner, et tout, puis me rendre à la porte d'embarquement. Tout ceci ne serait rien dans un petit aéroport, mais à Madrid, je dois me rendre au pas de course avant de monter dans l'avion.

Je ne réalise qu'au moment de monter à bord que mon siège, 4D, est situé en première classe. On me sert donc à dîner à bord, en route vers Paris. J'espère que mon bagage aura eu le temps de se rendre à bord lui aussi... car ce vol de 10h15 est pushed-back à 10h15 pile. Heureusement d'ailleurs, car je n'ai pas des heures d'attente de prévues entre ce vol et ma correspondance à CDG.

Arrivé à Paris, je consulte une carte de l'aéroport Charles de Gaulle... et note qu'on est déjà informé que "je suis ici"... les nouvelles vont vite. :-). Je remarque surtout que je dois changer de terminal pour attraper ma correspondance vers Montréal. Avec une autre sécurité à passer (et donc une énième file d'attente, scan de mon bagage et de mes effets personnels), j'arrive à peine 15 minutes avant le décollage à ma porte d'embarquement... où l'embarquement n'est pas encore commencé. On annonce rapidement que le vol sera retardé. Des passagers s'impatientent d'un retard de 25 minutes, maugréant contre les compagnies aériennes. Je ne me cache pas pour sourire; ce ne sont pas 25 minutes de retard qui vont m'angoisser après ce que j'ai traversé comme procédures et retards pour me rendre à cette porte d'embarquement! Je relaxe en lisant, alors que le départ de mon vol est retardé, puis retardé, puis retardé.

14h20. L'embarquement commence. À ce stade-ci, je n'ai dormi que 8,5 heures dans les dernières 59 heures, et moins de 14h dans les dernières 83 heures. Dire que je suis fatigué serait ridicule, je suis passé cette étape il y a longtemps, je n'ai même pas conscience d'être aussi fatigué. Je laisse mon regard errer sur l'écran à côté de la porte d'embarquement, où des informations sur notre vol et notre avion s'affichent en alternance. Puis, un message attire mon attention: "Les passagers suivants doivent se présenter au comptoir de service à la clientèle". Suivent quelques noms, dont "H Morin" qui me jette une pierre dans le fond de l'estomac.
J'avais presque retrouvé l'espoir de m'envoler vers Montréal un jour... Comme l'embarquement va bon train et que ma carte "voyageur premium" me permet de prendre la file la plus courte, j'ignore subtilement ce message et tente l'embarquement. La préposée scanne ma carte, un message s'affiche, elle fronce les sourcils, je lui montre mon coupon de vol "d'employé Delta" écrit à la main, elle le conserve, scanne de nouveau, un nouveau message s'affiche, lui disant de conserver le coupon de vol, elle re-scanne, en maudissant le système, puis on me permet d'emprunter la passerelle!
Il est 14h28 et il semble que je vais prendre un dernier vol, vers Montréal. Physiquement, j'ai l'impression d'avoir quitté Casablanca il y a des semaines.
Le vol CDG-YUL est un vol sans histoire, comme j'en aurais rêvé quelques jours auparavant. Je suis tellement fatigué que je n'arrive pas vraiment à somnoler dès le décollage. Je me jette donc sur le système de divertissement haut de gamme d'Air France et choisi un film d'action avec des jolies filles. Pendant que je rigole avec Robert Downey Jr et compagnie, on nous sert un diner somptueux (poulet, riz, baguette, camembert, vin rouge, salade de saumon fumé, mousse au chocolat, porto, chocolat noir).
Après Iron Man 2, un épisode de Friends, un de Two and a Half Men, je débute Valentine's Day mais on dirait que mon corps a enfin compris qu'il n'y avait plus d'urgence, qu'il pouvait se reposer, alors j'enfile le petit masque fourni par Air France, sélectionne Viva la Vida de Coldplay sur la sélection CD et réussi à tomber dans ce genre de quasi sommeil d'avion qui relève presque de la sieste pendant presque deux heures.
À mon réveil, on nous sert un goûter léger, que je touche à peine, je n'ai pas encore fini de digérer mon incroyable repas d'avant sieste.
Puis, nous amorçons la descente, et j'aperçois bientôt avec une certaine incrédulité les reliefs du Nouveau Brunswick, puis du Québec. Être si proche après un périple aussi rempli d'imprévu me laisse perplexe. J'imagine déjà l'appareil ayant des ratés, et devant se poser d'urgence à Québec, m'obligeant à y prendre un autobus pour le reste de mon trajet, ou pire encore, Bagotville, et y passer la nuit avant de me taper cinq heures de bus le lendemain. Mais non. Je peux finalement voir Montréal, une vision incroyable après toutes ces heures de transport depuis Casablanca.
Comme j'avais informé mes parents et Suze de mes aléas en Europe de l'ouest en profitant d'une connexion Wi-Fi à l'hôtel de Madrid, ils sont là, tout souriants, à l'accueil à Trudeau, après que j'aie récupéré mon fidèle backpack qui a lui aussi réussi à se rendre (non sans avoir vu son sac plastique et sa toile protectrice arrachés par les convoyeurs entre Madrid et Montréal).
Nous empruntons une porte de l'aérogare menant vers le stationnement à l'étage. En attendant l'ascenseur, je tombe sur Pierre, mon beau-frère, qui arrive des États-Unis, après avoir modifié lui aussi son plan de vol initial! Je comprends qu'il est passé par l'Illinois et l'Indiana au lieu de je ne souviens plus où à partir de l'Arkansas où il était, mais je confond peut-être tout, la fatigue accumulée n'aide en rien mon cerveau à retenir les détails de mes conversations. Je le prends en photo - c'est flou - dans l'ascenseur, tellement je n'en reviens pas de la coïncidence et du fait que je suis finalement à Montréal. On dirait que mon cerveau n'arrive pas à y croire et que cette photo est une preuve que je ne rêve pas.
Après quelques minutes sur l'autoroute 20 vers Lachine et la maison de mes parents, nous sommes coincés dans le trafic et mon père s'irrite. Je rigole un peu, car après tout, je n'en suis pas à 10 minutes près...
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(Plus tard ce soir-là/nuit là, je me couche enfin. Je noterai seulement le lendemain que je n'avais pas eu plus de 16h de sommeil dans les 97 heures précédentes, dont seulement 11h en position horizontale - 5h et 6h, à 37 heures d'intervalle).
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Pendant une période de 30 heures, j'aurai été inscrit officiellement sur 7 vols d'avion, en aurai vu deux annulés, une correspondance ratée et une annulée, aurai pris deux vols retardés et un vol en stand-by.De Casa, j'ai pris deux trains, deux taxis, un bateau, un bus, trois navettes, un train de banlieue, et trois avions pour me rendre à Montréal. Tout ceci en (seulement!?!) moins de 4 jours!
Aujourd'hui, je n'en reviens toujours pas des efforts combinés que ça aura pris pour me ramener à Montréal dans des délais relativement respectables - je suis arrivé à Montréal avec 20 heures de retard sur mon horaire original, ce qui est quand même mieux que le 45h planifié après la seconde annulation de vol. Je pense à la préposée de Delta à Malaga et à l'éditeur de vol de Madrid, entre autres, qui ont travaillés très fort pour moi. Mais j'ai vu la Tour Eiffel après le décollage de CDG, ce qui n'était pas non plus prévu au programme de vol original...
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Je vous proposerai donc pour la suite, un voyage dans le temps - on recule de quelques semaines, alors que j'accueille Suze et que nous visitons quelques villes du Maroc ensemble. C'est le sujet des prochains billets, et l'ironie ne m'échappe pas: cette aventure-là aussi commence dans un aéroport: celui de Casablanca!
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2 commentaires:

  1. Salut Hugues:-))))) Toute une aventure que tu as vécu:-)
    Tu as beaucoup d'expérience en voyage et ça paraît.
    Si je ne savais pas que ça peut se passer autrement j'aurais peur de faire un voyage à l'étranger:-(((((
    Le fait que tu parles trois langues couramment t'a aidé. Je pense et j'en suis certain que mon prochain voyage si j'en fais un se sera en France...

    J'ai hâte de lire la suite de tes aventures.

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  2. Denis,
    Oui, l'expérience de voyage a été utile.
    Sans cela, j'aurais pris le "deal" de base: attendre 48h dans un hôtel isolé sur la côte, mais j'aurais raté la fête d'anniversaire de mon père.
    Parler espagnol et anglais m'a aussi beaucoup aidé, ça ne fait aucun doute.

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